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L'école, pour quoi faire?

Ecouter Daniel Mesguish, le directeur du Conservatoire National d'Art Dramatique, ce vendredi 30 Mai, parler du rôle du théatre me donne envie de reposer la question de base: l'école, pour quoi faire? 

Daniel Mesguish refuse la loi du marché, la logique du casting, mais ne refuse pas la popularité. Il veut être pionier et pas à la remorque du marché. Quelle bouffée d'air d'écouter cet homme cultivé qui ne se laisse enfermer ni dans une tour d'ivoire d'un élitisme étroit ni par le culte de la réussite validée par le marché.

A quoi servirait une école qui serait suiveuse, qui serait au service de cette société de marché comme nous le murmure une petite mélodie pragmatique et anxieuse? Et d'un autre côté, à quoi servirait une école qui n'apporterait pas aux enfants les meilleurs outils d'expression et d'autonomie?

L'école, ça sert à quoi?

A préparer de bons petits soldats ou des philosophes accomplis? Selon Pierre Rabhi, à faire de bons petits soldats de l'économisme (Dans son livre interview "Conscience et environnement").

A devenir meilleur en "lutte des places" ou à savoir déjouer l'arrivisme?

A devenir plus autonome ou plus limité?

A compétiter les autres nations et à les dominer ou bien à développer la culture?

A développer le sens critique ou bien à abrutir?

A faire vivre les syndicats enseignants?

A jouer à tout faire pour faire fuir les élèves tout en ayant l'obligation de les retenir?

A occuper les parents d'élèves?

A relancer le bâtiment?

A apprendre à traffiquer et à racketter?

A faire les gros titres des journaux?

A occuper les gosses?

A faire des ados?

A faire fonctionner les transports scolaires?

A faire tourner l'économie de l'édition scolaire ?(il paraîtrait que la France est au top à ce sujet, avec contamination de toute la francophonie).

A (m') inciter à faire des blogs sur l'école suite à une scolarité ennuyeuse et pauvre en nourriture de type confiance et enthousiasme?

 

Commentaires

  • A apprendre à glander en faisant semblant d'être indispensable avec un minimum de vernis ?

    Non ça, c'était l'armée, du temps du service obligatoire. Mainenant, l'armée, ça sert à viander le quidam à l'occasion d'opérations "portes ouvertes sur les bouchers"...

    Je suis vraiment ignoble ! :-D

  • Donc, tu me proposes d'ajouter "à devenir ignoble" dans ma liste? ;0)
    Faut peut-être pas pousser, l'école a bon dos, mais quand même, ce doit plutôt être génétique ou familial!

  • Figures-toi que si l'école m'a mal appris à écrire, lire et compter (ses trois missions essentielles), que je compense allégrement - mais pas toujours - grâce à des machines (merci Bill Gates !) qui font ça mieux que moi !

    Mais...
    J'ai eu quelques profs intéressants : En fiscalité appliquée par exemple, en la personne de Cozian avec qui tout est simple, il suffit de suivre "le fil rouge" et Miss Colliot, une prof de français qui n'en avait rien à faire du programme imposé par la réforme E. Faure et des suivantes pour avoir passé un an à faire des exercices d'analyse et de synthèse sur des articles de presse !

    Absolument génial !
    Parce qu'au total, on a créé le "Laïus" du bahut, une feuille de choux sur ronéotypeuse, dans laquelle je participais en tenant la rubrique "idées du temps" : J'y faisais les articles "pour" (signé l'ignoble) et "contre" (signé l'infrequentable).
    C'était sur la loi Debré, sur l'affaire des 10 %, sur je ne sais plus quoi...
    Et tout le monde n'y a vu que du feu !

    Plus tard, j'ai oeuvré dans un cabinet d'avocats en stage d'été, celui de notre prof de droit commercial.
    Il arrivait le matin en nous donnant une affaire et on devait préparer la plaidoirie pour telle partie.
    Le lendemain, c'était la même affaire, mais on préparait la plaidoirie pour l'autre partie...
    Et attention, avec analyse de la jurisprudence, de la doctrine, etc, etc.
    Ce qui m'a un peu perturbé l'esprit au point d'être écoeuré par la profession.

    En bref, l'école doit apprendre à avoir l'esprit critique, je n'ai aucun doute là dessus, à s'interroger en permanence sur le bien fondé de tel ou tel point de vue,
    à recherche le "fil rouge"...

    Mais pas à glander : C'est l'armée qui s'en occupait !
    Et là, je n'ai pas eu besoin de formation, car c'est bien là un aspect "génétique" de mon "bagage culturel" (autrement dit de l'atavisme revendiqué) de Corsu bien né !

    D'ailleurs, ils ne m'ont pas gardé longtemps, tellement je foutais le "bordel", moi le tireur d'élite qui ait mis 21 balles dans la cible à 100 mètres, "en courtes rafales" avec un chargeur de 19 (une avait foiré) !
    Ils se demandent encore comment, d'ailleurs !
    Les çons...
    C'est tout dire !

  • C'est vraiment très intéressant, tous ces témoignages de souvenirs d'école. Je crois que la blogosphère en recèle une très grande quantité, de quoi alimenter toute une sociologie. Avant, il n'y avait que des personnes comme Albert Jacquard pour pouvoir faire part de leur expérience, là où il raconte qu'en terminale, le prof prévu en maths a dû être remplacé au dernier moment par une débutante. C'est son meilleur souvenir d'école. Toute la classe s'y est mise, a participé, a organisé l'entraide entre les élèves, plutôt que la marche à reculons habituelle, et ils ont eu de très bons résultats.
    Ton journal, c'est un peu du Freinet.

  • Tiens celle-là, je l'avais oubliée !

    J'étais dans un "bac poubelle" de la Capitale (devenu depuis "lycée d'élite" dans mon 5ème derrière Louis Le grand et H IV) dans une première littéraire "poubelle" (genre sans latin ni math/physique et qu'une langue à l'écrit).

    Lors des grèves que nous montions avec ceux de Montaigne et d'ailleurs (Rodin, je crois, Fénélon etc.), les profs emmenés par notre "coco" de prof d'histoire ne faisaient pas cours.
    Et les "math sup et spé" préparant à l'école d'agro voisine, n'avaient donc pas cours, ce qui les emmerdaient sévère !

    Eh bien, nous avions mis la main sur quelques bouquins et pendant les manifs, nous nous relayions pour leur faire faire des exercices !
    Moi, corriger au tableau des équations différentielles, les identités sur des nombres irrationnels, des écarts-type sur des courbes de Gauss et autres joyeusetés, alors que j'en étais officiellement resté aux équations du second degré (et encore !) et leurs dérivées, je t'assure que c'était passionnant !

    Et puis, il y avait "Isabelle", belle comme une divinité antique : ça aidait !

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