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Libertisme, esthétisme et séduction

Quitte à passer pour un réactionnaire, un rétrograde, un anti soixante-huitard, voici une réflexion sur la domination de nos pulsions qu'Aldo Naouri approuverait probablement.

La gastronomie suit le même mouvement que les contes de fées, celui de la séduction. Il semblerait que le marketing domine la plupart des domaines, imposant ses critères de réussite au détriment de la diététique dans le cas de la gastronomie et du difficile apprentissage de la maîtrise de ses pulsions dans le cas des contes de fées.

 

Les plats doivent être séduisants, bons au goût et beaux sur le plan visuel, qu'importe leur fonction diététique première. Dans les émissions gastronomiques à succès qui se multiplient, les réalisations ne sont jugées que sur les deux premiers critères, comme si nous étions libres de manger n'importe quoi, pourvu que ce soit à notre goût. C'est que ce libertisme n'entend en aucune façon supporter la moindre frustration, ce qui nous amène au sujet des contes de fées. Bettelheim, dans sa psychanalyse des contes de fées, situe le tournant de la séduction vers Charles Perrault, c'est à dire au 17ème siècle. Il réécrit les contes pour plaire, plus soucieux de l'esthétique que de la fonction éducative profonde que des générations de conteurs avaient rodées auprès d'un public d'enfants. Les reprises de Walt Disney se situent sans surprise dans ce courant qu'a initié Charles Perrault au 17ème.

Il ne fait aucun doute que notre "société du spectacle", l'impératif de plaire nous coûte pourtant assez cher. Assez cher du point de vue de la santé (troubles cardiovasculaires, cancers, arthrose, et probablement maladies dégénératives) et assez cher sur le plan éducatif, les deux étant en définitive liés par les mêmes conditions, celles de l'individualisme, du libertisme (liberté sans prise en compte des contraintes réelles), de l'esthétisme et de la séduction. Il est probable que notre très grande difficulté à modifier notre trajectoire écologique trouve aussi une partie de sa source dans cette tendance à prendre nos souhaits, nos pulsions, la satisfaction de nos désirs immédiats, plus en considération que nos besoins.

Les contes de fées (pas les histoires ludiques qui ont pris leur place de façon illégitime) ne nous apprennent pas que les dragons existent, ils nous apprennent que nous pouvons les dominer, les vaincre!

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