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Plaidoyer pour un rituel funéraire laïque dirigé par un officiant philosophe

Un billet qui s'éloigne de l'école et de l'éducation, mais qui est de plain-pied dans la culture et dans le rôle de la philosophie, donc finalement pas si loin que ça de l'école.

Depuis que j'ai assisté en l'espace de deux semaines à deux rituels funéraires, l'un dans une église catholique et l'autre, civil,

 dans un crématorium, je me suis demandé ce qui avait bien pu nous arriver, tellement le rituel civil est pauvre et pas du tout satisfaisant, quelles que soient nos croyances. Alors que le rituel chrétien m'est apparu beaucoup plus satisfaisant. C'est comme ça que je l'ai ressenti.

Le rituel civil n'est pas satisfaisant, parce qu'il ne restitue presque rien de la vie du défunt, parce qu'il est beaucoup trop court, parce qu'il ne renvoie à rien de nos besoins psychologiques à ce moment là, parce qu'il ne nous aide pas beaucoup à faire notre deuil, à être fier de celui qui est mort. Au contraire, il nous charge d'une sorte de culpabilité vis à vis du mort pour qui on n'en fait pas assez.

Je me suis demandé pourquoi les philosophes, qui ont tellement contribué à nous défaire de nos superstitions religieuses, avaient en même temps abandonné ce qui constitue un des sujets de préoccupation principaux de la philosophie, à savoir la mort. Pourquoi les philosophes ne se sont-ils pas attelés à la lourde tâche de remplacer le curé pour mettre sur pied des rituels funéraires civils et laïques qui tiennent debout et pour devenir officiant de ces rituels?

Voilà que cette frustration et cette interrogation m'est réapparue à l'écoute d'un reportage sur une Pomana chez les Valaques qui nous vient du fond des âges -regarder le diaporama magnifique, de Dragan Lekic, en particulier le repas sur la tombe, la musique jouée au défunt, l'enfant qui embrasse sa Baba défunte- ( un texte plus général sur les rituels de passage à Melnica en Roumanie par Dejan Dimitrievic). Un rituel antique, intuitif, long, répondant à nos besoins psychologiques et extrêmement satisfaisant. C'est un rituel antique dans lequel la vie et la mort sont de nature très voisine, comme dans les rituels Egyptiens antiques, mais pour des familles ordinaires, pas pour des princes. Bien entendu, je ne souhaite pas que nos philosophes qui voudraient développer un rituel moderne copient ce rituel antique, mais plutôt qu'ils essaient de comprendre pourquoi ce type de rituel est satisfaisant pour réunir la communauté des vivants et celle des morts, réunion dont je ne crois pas que nous puissions nous passer, nous les vivants.

Nous sommes très nombreux à souffrir de l'indigence de nos rituels civils qui expédient le mort aux oubliettes en un tournemain, nous laissant un goût de cendre dans la bouche. Alors avis aux amateurs philosophes qui souhaiteraient sortir de leurs bouquins et d'une démarche conceptuelle pour construire des rites funéraires modernes satisfaisants dont ils seraient aussi les animateurs.

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Commentaires

  • C'est bien à ce genre de préoccupation qu'Auguste Comte entendait répondre en proposant sa religion (non-théiste) de l'Humanité, idée rajeunie aujourd'hui par Alain de Botton - voir son livre "Religion for Atheists" (traduit comme "Petit guide des religions à l'usage des mécréants").

    D'ores et déjà il existe dans les pays anglo-saxons toutes sortes d'organisations qui se veulent à la fois religieuses et non-théistes (ou ouvertes à la fois aux théistes et non-théistes), comme les humanistes, les unitairiens-universalistes, les "non-theistic jews", etc. Tout le monde peut donc y être enterré "religieusement".

  • Merci pour ce commentaire instruit. Je suis parti d'un ressenti vis à vis de nos rites funéraires laïcs, mais je ne suis pas certain de vouloir d'une religion non théiste à la façon de Comte. Je suis sur une longueur d'onde beaucoup plus modeste. Par exemple, il me semble qu'une personne comme JC Ameisen pourrait formidablement animer un office funéraire laïc comme je l'entrevois.

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