Cours magistraux: le minimum vital pour faire pousser des Gargantua
Il ne vous a pas échappé que Gargantua est né DE (et non pas PAR) l'oreille de Gargamelle, sa mère...
Beaucoup de trompe-oeil chez Rabelais. La gravure ci-joint pourrait faire croire que Gargantua a été gavé, alors qu'en fait c'est le résultat d'une nourriture (intellectuelle, morale, spirituelle, goûteuse, jouissive) appropriée qui lui a permis d'accomplir un développement (intellectuel, sexuel...) gigantesque. Les cours magistraux, c'est le contraire, c'est le prof qui parle et les élèves qui écoutent. Pour ces cours magistraux, autant remplacer le prof par un CD ou un DVD, ou mieux, le prof fait un blog pour ses classes, avec mot-clé d'accès (il faut environ 5 mn pour créer un tel site... gratuit; il y a certainement des profs qui l'ont déjà fait). Cela limitera la relation infantilisante prof/élève, permettra aux profs de créer des CD de qualité supérieure et de faire des économies (en effet, les CD ou DVD sortiront de l'école et ils devront donc être excellents. Ensuite, un CD ou DVD pourra alors resservir à l'infini contrairement à un cours magistral donné par un prof à 20 ou 30 élèves; bon d'accord, 40 élèves pour certains), et enfin les élèves pourront les visionner plusieurs fois si besoin. Le prof pourrait répondre aux questions des élèves sur un site fait pour ça et enfin le cours serait consacré à une reprise des principales questions que cette interactivité aura fait émerger. Le Canada semble avoir déjà une forte expérience de l'utilisation des NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication). Il semble que, dans leur majorité, les profs en France ne soient pas très enclins à l'usage des NTIC.
Deux heures de cours magistral par jour, c'est déjà presque du gavage. Mais que feront les profs et les élèves le reste du temps?
Ils pourraient, dès la 6ème travailler sur des projets branchés sur de réels besoins sociaux, avec le concours averti des enseignants mutés en ressources pour les jeunes. L'innovation et la création pourront tenir une place importante dans ces projets. Il n'y a rien de contradictoire là-dedans avec le fait de faire des maths, de la physique, du Français et des langues...
On pourrait faciliter le travail en entreprise, ou dans toute autre structure travaillant, pour les jeunes pendant une partie de l'année, dès 12-13 ans, sous un contrôle vigilant pour leur assurer de bonnes conditions.
Commentaires
oui, sauf que la composante essentielle (relation humaine ado-adulte) n'existerait plus. Il existe quand même des profs qui s'investissent pour leurs élèves, et ça, c'est important ! Les élèves ont besoin de savoir qu'ils sont encadrés, qu'on s'inquiète de leur devenir...
Réponse à JPADPS,
Après un petit tour sur votre blog, pas de doute, vous avez le tempérament pour faire prof, bravo!
Pas de doute que les ados ont besoin de profs comme vous. Bravo aussi de ne pas tout de suite embrayer sur la polémique. Toutefois, les programmes et l'ambiance sont tels aujourd'hui (et hier) qu'on ne se pose simplement presque jamais la question de la réception de cet enseignement par les élèves. J'ai personnellement presque toujours ressenti ma scolarité (pendant laquelle j'ai plutôt été un bon élève malgré tout) comme du bourrage de crâne, comme l'art de répondre à des questions qui n'ont jamais le temps de se poser, de se formuler, de mûrir. Voilà le point essentiel: prendre le temps de développer faire vraiment mûrir le dynamisme des élèves. Le résultat est certain quand un prof réussit ce tour de force (dans le contexte de l'infernal débat entre les contenants et les contenus, sans parler de la soit-disant remise en cause de l'autorité du prof qui renvoie à la remise en cause de l'autorité de la société toute entière, à moins que ce ne soit l'inverse!): il ne pourra plus suivre ce qu'il a mis en route. C'est vécu. Relisez "la méthode ARTHUR", par exemple, qui en est un témoignage (je ne vous ai pas dit d'appliquer la méthode ARTHUR mais seulement d'y voir ce que donne "la mise à feu" de l'intelligence d'un enfant pour la connaissance).
Bon courage à vous qui avez un tempérament de prof si merveilleux.
Merci pour ces encouragements, qui me réchauffent le coeur, et me donnent la "gniake" (comme on dit) nécessaire afin de poursuivre sur la ligne que je me suis fixée : celle de toujours placer en premier lieu l'intérêt des adolescents qui me sont confiés, essayer, dans la mesure du possible, d'apporter des réponses individuelles à leurs interrogations, et prendre en compte la méthode d'apprentissage de chacun. Car il y a un facteur qu'on ne prend pas (assez) souvent en compte : certains sont "visuels", d'autres "auditifs" etc... Voilà pourquoi il n'existe, à mon sens, aucune méthode d'enseignement qui soit universellement valable. Par extension on peut donc affirmer aussi que même le cours magistral peut être salutaire, lorsqu'il intervient à certains moments, et qu'il est utilisé à bon escient...
Combien avez-vous d'élèves? Parce que pour prendre en compte leurs caractéristiques propres, cela ne doit pas être très simple. Question d'expérience et d'attention? Enfin ce que vous dites c'est exactement l'élève au centre de vos préoccupations et si je comprends bien ce n'est pourtant pas l'élève qui vous commande! L'élève éveillé naît-il DE l'oreille et DU regard de JPADPS?
Amicalement.